Sorcellerie et maladie en Afrique
Jacques Barrier, Alfred Gambou
Pour le dictionnaire Petit Robert, la sorcellerie est une magie populaire ou rudimentaire qui accorde une grande place aux pratiques secrètes, illicites et effrayantes. Cette définition s’inspire des croyances et pratiques occidentales essentiellement historiques à connotation irrationnelle et très péjorative. Les procès en sorcellerie sont d’une autre époque (Jeanne d’Arc, les sorcières de Salem…). La définition est caricaturale, mais rappelons qu’il y a toujours des prêtres exorcistes qui officient occasionnellement dans l’église catholique française. L’ambigüité des termes sorcellerie et sorcier tient à la transposition sans réflexion dans une société autre (utilisant d’autres mots)….
Un phénomène universel : la sorcellerie n’est pas spécifiquement africaine. Si on admet que le monde est le plus souvent injuste (ne vivons nous pas dans un monde désenchanté ?), on admet que le hasard nous interpelle[1]. Les sociétés dites modernes ou développées sont elles aptes à reconnaître le hasard, notamment pour nos maux? En France, nos savoirs scientifiques et techniques sur la maladie restreignent de plus en plus le champ du hasard ; on sait par exemple que la carte génétique de chaque individu a inscrit en grande part ses problèmes futurs de santé, quitte à ce que leur émergence soit variable puisqu’il y a d’autres occurrences notamment d’environnement. L’astrologie, pratique inscrite dans notre histoire occidentale et encore très répandue dans le monde entier, est une autre traduction de cette problématique du hasard inacceptable[2]. Pour beaucoup c’est aussi le sort et à l’extrême la manipulation par des esprits malveillants : les influences diaboliques voire la sorcellerie.
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