Naître et Être en Afrique (2017)

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Les panneaux de l’exposition

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Prévalence de la sorcellerie africaine : elle est encore très présente dans tout le monde traditionnel africain. Confronté au mal, à la maladie, au malheur, la sorcellerie a été – est ?- un aspect quotidien voire banal pour un africain de culture traditionnelle. Ce serait un mode d’expression typique d’une partie de la société privée de connaissances techniques suffisantes pour affronter les réalités quotidiennes, notamment les maladies. Ce serait donc une simple superstition née de l’ignorance. L’accumulation des malheurs crée aussi la sorcellerie, car on est de moins en moins enclin à supporter le hasard (L Mair). Il y a parfois un enchainement causal dans le malheur, mais comment expliquer logiquement la succession (en quelques mois  ou semaines) de la perte d’une chèvre, puis une mauvaise chute avec fracture, enfin l’incendie de la case? Il est dit ailleurs dans cet ouvrage que devant le malheur la personne africaine se pose la question de déterminer une responsabilité : un esprit ou un ennemi humain ? L’influence d’un sorcier est dans le champ des possibles. Il peut devenir une nécessité pour l’individu ou la communauté d’avoir un ou des responsables. Ceci  expose à l’accusation erronée voire au risque de la désignation d’un bouc émissaire

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Un phénomène universel : la sorcellerie n’est pas spécifiquement africaine. Si on admet que le monde est le plus souvent injuste (ne vivons nous pas dans un monde désenchanté ?), on admet que  le hasard nous interpelle[1]. Les sociétés dites modernes ou développées sont elles aptes à reconnaître le hasard, notamment pour nos maux? En France, nos savoirs scientifiques et techniques sur la maladie restreignent de plus en plus le champ du hasard ; on sait par exemple que la carte génétique de chaque individu a inscrit en grande part ses problèmes futurs de santé, quitte à ce que leur émergence soit variable puisqu’il y a d’autres occurrences notamment d’environnement. L’astrologie, pratique inscrite dans notre histoire occidentale et encore très répandue  dans le monde entier, est une autre traduction de cette problématique du hasard inacceptable[2]. Pour beaucoup c’est aussi  le sort et à l’extrême la manipulation par des esprits malveillants : les influences diaboliques voire la sorcellerie.

Dans une société traditionnelle, à la recherche d’une harmonie, la sorcellerie serait a priori l’expression tangible ou occulte d’une communauté ou d’individus incapables de reconnaître, d’accepter que certaines manifestations malheureuses puissent être liées au hasard. Face au mal, tout individu peut se poser la question « suis-je l’objet de la malchance ou d’un mauvais sort ? ».  Pour L Mair (1969), la sorcellerie survient plutôt dans des milieux restreints et fermés lorsqu’apparaissent des phénomènes qui demeurent incompréhensibles et injustifiés pour un individu ou un groupe. Dans ces milieux, la maladie n’a pas de modèle  explicatif autonome comme dans un milieu rationnel scientifique (virus, bactéries, cancers…). Le malheur, le déséquilibre lié à la maladie, donc l’absence d’harmonie est considéré comme injuste et doit trouver une responsabilité et pourquoi pas un sort ?


[1] Pour les philosophes le hasard est le caractère de ce qui arrive en dehors des normes objectives  ou subjectives, de ce qui est moralement non délibéré. Pour d’autres, c’est la cause fictive de ce qui arrive sans raison apparente ou explicable. L’étymologie de hasard est « az-zahr » le dé en arabe.

[2] Pour les chinois et d’autres peuples asiatiques, c’est le concept de chance.

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